Murmur Architecture

La Maison du Colonel

Un café associatif pour et par les habitants à Amiens

La Maison du Colonel
Lieu : Amiens
Client : association La Maison du Colonel
Année : 2017-2024
Mission : AMO en étude - DET - encadrement chantier participatif
Surface : Rénovation 50 m² + extension 76m²
Budget : 280 000 € (Rénovation 100k€ + extension 180k€)
Bureau d’étude : Ingebois
Conception : Julien Pradat - Antoine Jacquemart – Kinya Maruyama
Fiche Technique :

Construction bois + isolants paille et biosourcés + enduits terre

Crédit photo : Véronique Lesperat-Hecquet - Kinya Maruyama

Un projet d’extension et de réhabilitation de l'ancienne maison du vaguemestre de la caserne Friant, située quartier Elbeuf à Amiens, en vue d’en faire un café associatif.

Dans un territoire enclavé, la réhabilitation de l’ancienne maison du vaguemestre du quartier d’Elbeuf a pour objectif de rompre l’isolement de certains habitants et de démontrer qu’il est possible de construire avec et pour les gens. Pour ce faire, un collectif composé d’habitants, de bénévoles et d’artistes a conçu chaque étape du projet de manière participative et créative, de la programmation du lieu à la construction. La Maison du Colonel est un chantier vivant qui a duré sept ans, une œuvre en soi, auto-construite et citoyenne, d’utilité sociale qui propose à chacun de se réapproprier son espace de vie, par l’imaginaire et le rêve.

En 2016 le projet obtient le soutien de la ville d'Amiens qui signe avec l'association un bail emphytéotique de 30 ans. En 2017 le projet obtient le soutien du ministère de la culture par une commande publique de l'état, puis le soutien des collectivités publiques locales et de la fondation Carasso. Cette aventure culturelle est accompagnée par l’artiste et architecte japonais Kinya Maruyama, adepte des projets participatifs et des ateliers collectifs de construction. Les croquis de Kinya et son processus de design Aimai Moko donnent l’impulsion à l’animation d’ateliers pendant lesquels la réflexion naît des échanges collectifs et des expérimentations.

Un chantier participatif au long court

Par trois architectes : Murmur Architecture-Julien Pradat et Antoine Jacquemart et l'architecte et artiste japonais, Kinya Maruyama. Le chantier se déroule depuis 2018, et continue au grès des financements, avec la construction d’une extension en chantier depuis 2023. Il a commensé par un workshop de conception-réalisation d'une drôle de cabanne en forme de feuille de tilleul, pour donner le ton. Des chantiers d’autoconstruction ont été organisés et animés par Murmur et l'association pour l’essentiel des travaux. Les ouvages plus pointus ont été réalisés par des entreprises ou par les apprentis du CFA BTP d’Amiens. Les économies d’énergie et les questions environnementales sont au cœur de la démarche : ossature et charpentes en peuplier local, menuiseries en chêne régional, isolation en béton de chanvre, enduits en terre et teinture à base de waide (bleu d’Amiens), chauffage électrique au sol.

Chaque étape de chantier est l’occasion d’externalités positives (formations, sensibilisations, workshops, …). Les charpentes ont été dessinées par Murmur avec le bureau d'études Ingebois et selon les croquis de Kinya Maruyama. Elles ont été préfabriquées par les apprentis charpentiers du centre de formation CFA BTP d’Amiens, puis assemblées et posées par l’entreprise Couverture Artisanale. Les isolations en chaux-chanvre ont été et réalisés lors d’un chantier de jeunes international encadré par Murmur avec l’association Concordia, et initié par Frédéric Cousin. Les enduits en terre ont été réalisés lors et à la suite d’une formation encadrée par Sylvie Wheeler, artisan terre fidèle compagnon de Kinya Maruyama. Les carreaux de ciment ont été réalisés selon des motifs dessinés par Kinya Maruyama lors de workshops de création.

Kinya Maruyama, catalyseur du projet

Kinya donne l’impulsion du rêve, offre une liberté d’action. Avec lui, le quartier s’ouvre au monde et à une certaine idée de l’acte architectural et artistique. Car il manie l’architecture comme un musicien de jazz : il improvise, réajuste, modifie, toujours soucieux d’intégrer les gens, le contexte et l’environnement. Le processus de design « Aimai Moko » qu’il affectionne est emblématique de cette démarche, à travers l’animation d’ateliers participatifs où la réflexion naît des échanges collectifs et des expérimentations.

Kinya est né à Tokyo en 1939.  Découvert en France lors de ses interventions au Lieu Unique en 2001, et en 2007 et 2009 dans le cadre de la biennale d’art contemporain Estuaire Nantes/Saint-Nazaire, il est le créateur du Jardin Etoilé de Paimbœuf en 2009. Il intervient régulièrement au festival Grain d’Isère avec l’Ecole d’architecture de Grenoble. Pourtant, cela fait 50 ans qu’il parcourt le monde, animant des ateliers de construction avec des étudiants, des professionnels ou des bénévoles. Lors de ces « workshops », méthode qu’il expérimente depuis les années 1960, il transmet son savoir et sa passion, impulsant des constructions collectives qui requalifient l’espace urbain :

« Lorsque l’on travaille, on n’a guère le temps de transmettre son savoir-faire. Un workshop donne l’occasion de montrer ce que l’on fait et comment on le fait, en même temps qu’il permet de vivre ensemble une expérience. Apprendre ce n’est pas tant étudier que copier le maître. Mais c’est aussi une aventure. Et un workshop, c’est cela. On y apprend à être adaptables, flexibles, voire opportunistes pour pouvoir faire face aux aléas, être capables d’improviser… comme un musicien de jazz. » 

Il a construit plus de quatre-vingts bâtiments certains souvent modestes mais jamais anodins il a longtemps enseigné à l’Université de Waseda, Arts and Architecture School, à Tokyo.

Kinya a le regard curieux et rêveur de celui qui n’a jamais fini de s’émerveiller. Une poésie qu’il consigne dans un carnet de croquis qui ne le quitte jamais. Son carnet c’est aussi le terrain d’essai de ses idées : elles y apparaissent et s’y précisent.

L’architecture qu’il affectionne est un étonnant mélange de fantaisie et de tradition, à l'image de l’Atelier Mobile du Team Zoo fondé en 1969 qui considère la construction non comme un objet mais comme un milieu d’échanges : chacune doit être unique, fruit d’un lieu, d’un climat, d’un usage et d’un instant.

La Maison du Colonel
vue extérieure
“Nous sommes une slow-up (une anti-start-up). Nous allons le plus lentement possible pour embarquer les gens. Le projet n’est pas la résultante mais tout ce qui se vit sur le trajet. “
Pierre Dupuis, coprésident de l’association La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
« Un workshop donne l’occasion de montrer ce que l’on fait et comment on le fait, en même temps qu’il permet de vivre ensemble une expérience. On y apprend à être adaptables, flexibles, voire opportunistes pour pouvoir faire face aux aléas, être capables d’improviser… comme un musicien de jazz» Kinya Maruyama
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel
La Maison du Colonel